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Deconynck au cabaret

Deconynck est représentant de commerce, et "bon vivant". Il est rarement chez lui.
Rentré après une semaine laborieuse, il se sert religieusement et amoureusement une Chimay capsule bleue et s'allonge dans le sofa, pendant que son épouse vide les poches de ses vêtements afin de les mettre dans la machine à laver...
Elle en retire des billets d'entrée dans une boîte de striptease, Champs Elysée à Paris.
Elle est furieuse:
- Tu t'amuses toute le semaine pendant que moi...
(On passe la suite... tout le monde connaît)

- Mais chérie, ça ne m'arrive pas très souvent, et puis c'est pour le travail... Je suis obligé d'inviter des clients... Crois-moi: ce n'est pas drôle tous les jours !
- Oui, et moi, tu ne m'as jamais emmené dans des boîtes de nuit.
Demain, c'est notre anniversaire de mariage et je parie que tu n'y as même pas pensé !

Et là, pour rattraper le coup, Deconynck a un éclair de génie:
- Bon, je ne voulais pas que tu les trouves, mais ces billets, c'est pour nous deux et c'est pour ce soir ! Mets ta plus belle robe, on sort !
- Oh Chéri ! Je savais que tu n'étais pas un monstre ! Pardonnes-moi...

Un peu plus tard, ils sont devant l'entrée du cabaret et le videur à l'entrée les accueille:
- Bonjour Madame, Bonjour Monsieur Deconynck.

La femme :
- Ils ont l'air de bien te connaître ici...
Deconynck :
- Oh... J'ai dû venir une ou deux fois avec des clients...
Mais tu sais... ce sont ce qu'on appelle "des physionomistes".
Le gars t'as vu une fois, il ne t'oublie pas: c'est son métier.
- Ah bon...

Ils arrivent au vestiaire et là, une charmante hôtesse pas très vétue (il faut dire qu'il fait assez chaud dans ces cabarets...) leur demande les manteaux.
- Merci Monsieur Deconynck, je vous souhaite une bonne soirée !

- Mais elle te connait aussi, et ne me dis pas qu'elle est aussi physionomiste !
- Détends-toi ma chérie, c'est notre anniversaire de mariage.

À peine arrivés dans la salle, le maître d'hôtel se précipite:
- Bonjour Monsieur Deconynck, on ne vous attendait pas aujourd'hui. Je vous libère notre meilleure table, comme d'habitude...
et il les place aussitôt au pied de la scène.
- Je vous envoie le sommelier, je suppose que vous prenez le même champagne que d'habitude ?

Là, Madame Deconynck n'en peut plus:
- Tu me prend pour une godiche ? Tout le monde te connait ici !...
- Respire, ce sont des professionnels... Je viens de temps en temps et j'ai besoin d'épater mes clients. C'est un jeu, rien de plus...

Pendant ce temps, sur la scène, une stripteaseuse s'effeuille langoureusement sur la musique "You Can Leave Your Hat On" de Joe Cocker.
Madame Deconynck est envoutée par la musique. Des souvenirs de jeunes mariés reviennent à la surface. Elle se calme tout doucement et pose même sa tête sur l'épaule de son mari.

C'est alors que la stipteaseuse, finissant son show et avant d'enlever la dernière pièce, prend le micro et demande à l'assemblée :
- Et qui va venir retirer ma petite culotte avec les dents ?

et toute la salle scande en coeur en frappant dans les mains:
- Deconynck, Deconynck, Deconynck, Deconynck, Deconynck...

Madame Deconynck rentre dans une colère noire, arrache son mari de la table, le tire vers le vestiaire, arrache littérallement les manteaux des mains de la préposée, pousse la porte de l'établissement, hèle un taxi au hasard, pousse son mari sur la banquette arrière, s'y jète aussi et continue à l'apostropher et à l'injurier:
- Espèce de salaud ! Tu me fais passer pour quoi ? T'es connu comme le loup blanc dans cette gargotte... Tu m'as toujours menti... et bla bla bla et bla bla bla...

Deconynck tente un rapprochement:
- Chérie, ne gâchons pas cette belle soirée !
- Mais tu me prends vraiment pour une conne !
Tu es un salaud ! Ne me touche pas ! et bla bla bla et bla bla bla...

Et là, le chauffeur du taxi, exédé, se retourne vers Deconynck et lui dit :
- Dites Monsieur Deconynck... ça fait 25 ans que je vous prends régulièrement à la sortie de cette boîte. Des putes on en a ramené des régiments, mais des casse-couilles comme celle-là, JAMAIS !!!